Economie linéaire - économie circulaire
L'économie circulaire représente une façon alternative de concevoir la production et la consommation.
Historiquement, nos modèles économiques suivaient un mode linéaire : d'abord extraire, puis produire, ensuite consommer les produits et in fine les jeter. À l'inverse, l'économie circulaire suit une approche totalement différente : en fin de vie, les produits ou leurs composants reviennent dans le circuit de production. C'est donc mettre en place une boucle de production, ou encore « boucler la boucle ».
Comme le souligne le ministère de la Transition écologique, suivre une démarche d'économie circulaire, c'est donc produire des biens et des services de manière durable en limitant la consommation et le gaspillage des ressources et la production des déchets.
Réemployer, réutiliser, recycler, valoriser
Spontanément, la première chose à laquelle nous pouvons penser, c'est de réemployer ou de réutiliser les produits dont nous n'avons plus l'usage, la réutilisation se distinguant du réemploi par le fait que le produit passe par une structure de traitement de déchets. Cette perspective est cohérente avec la hiérarchie des déchets telle qu'elle ressort de la directive européenne de 2008 sur les déchets (1). On favorisera également la valorisation des déchets, qu'elle soit matière ou organique. On triera et recyclera ainsi des matières comme le papier, le plastique, les métaux pour les réinjecter dans les circuits de production. On développera le compostage ou la méthanisation. C'est ainsi faire en sorte que nos déchets soient nos ressources.
Aller plus loin avec l'économie circulaire
Mettre en place une démarche d'économie circulaire, c'est par exemple allonger la durée d'usage des produits, en luttant contre l'obsolescence, qu'elle soit programmée ou non.
C'est aussi transformer nos modes de consommation des ressources par le développement de l'économie de la fonctionnalité. Cette dernière est un système privilégiant l'usage plutôt que la vente d'un bien, dans une démarche de développement durable, en proposant des solutions intégrées de biens et services. Le bien reste la propriété du producteur, le modèle économique reposant sur la vente de valeurs d'usage, incluant par exemple des garanties de performance. Une telle économie favorise le réemploi ou la réparation des produits puisque le producteur n'est plus poussé à produire davantage car la rentabilité de son activité ne repose plus sur la vente de produits neufs. Par une logique centrée sur le service dans une perspective de développement durable, au lieu de favoriser la vente de biens, l'économie de la fonctionnalité contribue à découpler croissance économique et utilisation des ressources physiques.
Le développement de l'économie de la fonctionnalité induit une modification des flux de trésorerie des entreprises puisque les « revenus », ponctuels, liés à la vente du bien sont remplacés par des revenus étalés sur la durée de la prestation biens + service. En outre, lorsque le bien reste la propriété du producteur, il y a chez ce dernier un gonflement des actifs de l'entreprise à son bilan, alors que la vente « sèche » du bien se traduit par une sortie de ces actifs du bilan. Un des exemples souvent cités est celui de Michelin qui, dans le domaine des pneumatiques pour poids lourds, au lieu de vendre des pneumatiques, propose de facturer des kilomètres avec des services associés, notamment en matière de maintenance. Cette offre permet en particulier d'augmenter la longévité des pneumatiques.
Une démarche de partage des produits entre utilisateurs plutôt que leur possession s'inscrit également dans une perspective similaire lorsqu'elle permet de réduire les impacts sur l'environnement. On peut ainsi citer l'exemple de l'autopartage ou encore la mise en libre-service de vélos.
L'économie circulaire, c'est aussi développer la consommation responsable, c'est-à-dire consommer en tenant compte de l'impact environnemental des produits. Le développement de la consommation responsable nécessite des soutiens législatifs ou réglementaires pour que l'information parvienne au consommateur qui sera ainsi mieux éclairé dans ses choix.
C'est également, pour les entreprises, mettre en œuvre une politique d'approvisionnement responsable, en tenant compte de l'impact environnemental des ressources utilisées. À titre d'exemple, on favorisera des matières premières issues du recyclage, dont la production a un impact sur l'environnement réduit par rapport aux matières premières vierges.
L'éco-conception comme un aboutissement
L'éco-conception représente une sorte d'aboutissement de la notion d'économie circulaire.
En effet, éco-concevoir un produit, c'est le concevoir en tenant compte de son impact sur l'environnement, tout au long de sa durée de vie, depuis son élaboration, jusqu'à la fin de son utilisation.
C'est une démarche radicale pour l'entreprise, car elle induit une optimisation des impacts environnementaux de ce produit, à la fois au cours de sa fabrication (par exemple, en limitant les consommations de matière ou d'énergie ou en ayant recours à des matières recyclées), mais également au cours de son usage (en allongeant sa durée de vie, en facilitant le réemploi ou la réutilisation du produit ou des pièces qui le composent, ou encore en permettant le recyclage de ses composants). Tout ceci de manière que toute l'énergie qui a été utilisée pour fabriquer ce produit ne soit pas perdue.
À titre d'exemple, Citeo (2) lance régulièrement des appels à projets en matière d'éco-conception, les plus récents portant sur la réduction des emballages, les emballages souples en PVC ou encore sur les emballages du secteur beauté et cosmétique.
L'économie circulaire, cela se passe aussi au niveau des territoires
Le développement de l'économie circulaire passera par la mise en place d'une écologie industrielle et territoriale. Celle-ci consiste à optimiser infrastructures, équipements et ressources au niveau d'un pôle industriel ou d'un territoire. On pourra notamment citer la valorisation de la chaleur fatale issue d'installations industrielles (exemple du projet R-Pas de Strasbourg, la chaleur étant valorisée au travers de réseaux de chaleur) ou l'achat groupé d'énergie.
Quels bénéfices attendre de l'économie circulaire ?
Le développement de l'économie circulaire devrait permettre de dissocier la croissance économique de l'utilisation des ressources, comme l'a relevé la Commission européenne. C'est ainsi contribuer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre et à l'atteinte de la neutralité climatique en 2050, qui est un objectif central de l'Union européenne.
Plus largement, la Commission européenne a également souligné que l'économie circulaire devrait permettre de réduire les atteintes à la biodiversité.
C'est aussi, au-delà de la réduction des impacts environnementaux, limiter par le recyclage notre dépendance aux importations : c'est le cas des métaux rares, indispensables au déploiement de la transition écologique.
L'économie circulaire, un des principaux axes du Pacte vert pour l'Europe
L'économie circulaire représente un des piliers du Pacte vert pour l'Europe qui a été présenté par la Commission européenne fin 2019.
Dans la suite de ce Pacte vert, un « nouveau plan d'action pour une économie circulaire » a été adopté par la Commission européenne en mars 2020 puis par le Parlement européen en février 2021.
Ce plan vise à introduire davantage de circularité dans l'économie, en s'appuyant sur des initiatives législatives ou réglementaires à venir.
Il prévoit notamment une révision de la directive éco-conception et sera centré sur des secteurs à enjeu comme, par exemple, les technologies de l'information et de la communication, les équipements électroniques, le textile, les meubles, mais aussi l'acier, le ciment et les produits chimiques, qui sont des produits intermédiaires avec un fort impact environnemental. Des initiatives étaient également prévues, sans prétendre à l'exhaustivité, sur les véhicules hors d'usage, les emballages et déchets d'emballage ou encore les matières plastiques.
Ce plan vise également à renforcer la politique de gestion des déchets. Il aborde la question des substances toxiques et vise à favoriser la création d'un marché des matières premières secondaires au sein de l'Union européenne.
Ce plan prévoit par ailleurs de donner aux consommateurs les moyens de choisir. Nous retrouvons ici ce que nous avons souligné précédemment sur le rôle des consommateurs dans la transition vers une économie circulaire.
À la suite de ce plan, la Commission européenne a présenté en mars 2022 aux autres institutions européennes (Parlement européen, Conseil européen, etc.) un paquet de propositions plus précises visant à « faire des produits durables la norme », et les appelle à les endosser. Ce paquet comprend notamment une proposition de règlement sur l'éco-conception, une stratégie sur les produits textiles pour les rendre durables et circulaires, la révision d'un règlement sur les produits de construction, ou encore la mise en place de nouvelles règles permettant aux consommateurs d'agir en faveur de la transition écologique.
En France, diverses initiatives législatives et réglementaires
Sans entrer dans les détails, il y a eu par exemple en France en février 2020 la publication de la loi AGEC (anti-gaspillage pour une économie circulaire), en juillet 2021 la loi climat et résilience, en novembre 2021 la loi visant à réduire l'empreinte environnementale du numérique, ou encore la publication au cours de ces dernières années de nombreux décrets, arrêtés ou stratégies liés à ces lois.
C'est enfin le plan France 2030 qui a un volet recyclage, notamment en ce qui concerne les plastiques et métaux.
Un des principaux enjeux de toutes ces initiatives est ainsi d'ancrer des modes de consommation et de production vertueux qui puissent contribuer à la décarbonation de l'économie.
notes :
(1) La directive européenne 2008/98/CE sur les déchets définit la hiérarchie suivante en matière de déchets : a) prévention ; b) préparation en vue du réemploi ; c) recyclage ; d) autre valorisation, notamment valorisation énergétique ; et e) élimination.
(2) Eco-organisme qui couvre les secteurs des papiers et emballages ménagers